A la Beauce fertile, de sa belle eau l’Eure offre le secours et fait tourner ses moulins en son cours. » Ces quelques vers traduisent l’importance de l’eau dont l’énergie domestique servit aux activités artisanales de l’époque.
Au Moyen Age, on comptait 9 moulins à eau. Il reste actuellement 6 moulins situés sur l’Eure : Blanville, Haraumont, Hartencourt, Mousseau, La Place et Varenneau. Les 3 moulins qui ont disparu étaient ceux de Vieil (Loulappe), Villeneuve et le moulin Fouleret (moulin à foulon).
Dans les Archives:
* Le moulin de Blanville est mentionné en 1203
* Le moulin de la Place est mentionné en 1215
* Le moulin de Varenneau est mentionné en 1215
* Le moulin d’Hartencourt est mentionné dès 1290
* Le moulin d’Haraumont est mentionné en 1300
Les moulins apparaissent dans notre région dès le 11è siècle, et au 13è siècle pratiquement tous les sites sont occupés.
La plupart des moulins de cette époque écrasaient des grains, mais il en existait d’autres types : moulin à foulon (pour fouler les étoffes de laine) et moulin à tan (pour broyer les écorces d’arbres pour les opérations de tannage des peaux).
Au Moyen Age, ces moulins banaux appartenaient aux seigneurs et tout le blé récolté sur une seigneurie devait y être moulu sous peine d’amendes. Outre le droit d’entrée pour moudre leurs grains, les usagers devaient entretenir et réparer les moulins, apporter les meules, curer les étangs, entretenir les écluses et chaussées.
Ces moulins fonctionnaient à l’aide d’une chute d’eau (créée par un vannage) qui faisait tourner une ou plusieurs roues qui entraînaient des meules en pierre.
A la fin du 19è siècle et au début du 20è, certains moulins ont été reconstruits de façon plus moderne avec plusieurs étages. (C’est le cas de Mousseau).
Cette modernisation entraîna la disparition des petits moulins traditionnels et seul le moulin de Mousseau a continué à fonctionner jusqu’en 1978.
Quelques précisions sur le moulin de Mousseau
Situé entre Hartencourt et St-Georges-Eure, ce moulin existait déjà en 1080 sous le nom de Monticuli puis Monticelli. En 1835, le meunier est autorisé à construire une nouvelle usine à blé sur la rive droite de l’Eure. De type classique à trois étages, le moulin est couvert en ardoises et comprend trois parties construites en briques : la partie la plus ancienne sur la rive gauche, la partie construite en 1835 et la construction la plus récente pour réunir les deux moulins. Dans la cour, on peut voir des bâtiments annexes aux murs de bauge avec couverture en petites tuiles.
Fonctionnement :
Au siècle dernier, la chute d’eau de 1m45 faisait tourner deux roues entraînant trois ou quatre paires de meules. Puis une seule roue en fer tourna. Elle fut remplacée vers 1920 par une turbine Teisset et Brault tandis que quatre appareils doubles de deux cylindres remplaçaient les meules. Une machine à vapeur, un moteur à gaz pauvre fonctionnant à l’anthracite puis un moteur diesel à huile lourde vinrent compléter la turbine jusqu’à la guerre de 1939. L’électricité prit la relève. En 1978 la machinerie a été démontée en vue de la vente. Le moulin de Mousseau était classé » moulin à blanc » c’est-à-dire que sa production était axée sur la farine de blé.